Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/302

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur le revenu, épargne précisément cette classe sociale qui est accablée en France. L’impôt ne commence à atteindre le capital qu’à partir de mille à cinq mille francs et quelquefois dix mille francs, et le revenu qu’à partir de quatre à six cents francs sans compter l’exemption de trois à quatre cents francs pour la femme et de deux à trois cents francs pour les enfants mineurs.

En sorte qu’on ne voit plus dans les villages de familles nombreuses réduites à la misère, le système d’impôt exemptant au surplus les objets de consommation. Dans tous ces pays, la population augmente. En France, elle diminue.

Fas est et ab hoste doceri, mais encore ne faut-il pas aller chercher chez l’ennemi, précisément ce qui est absurde, ne pas tirer de choses justes des conclusions fausses et ne pas comparer des situations entièrement dissemblables. Il existe entre les nations, leur esprit, leurs mœurs, leur situation économique, des différences essentielles dont il est raisonnable de tenir compte en comparant leurs systèmes respectifs d’impôts. Il est complètement faux de dire que la classe sociale indigente soit accablée en France. Elle sent durement l’impôt évidemment. Mais ce n’est que justice. C’est la masse qui gouverne, c’est bien le moins qu’elle paye. Il serait parfaitement injuste de l’exempter actuellement de la moindre parcelle d’impôt. Si, en se plaçant au point de vue chrétien et même simplement humain, on veut cependant le faire, nul, je pense, ne s’y opposerait ; mais alors il faudrait lui retirer le droit de