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de nos contemporains se mettent à augmenter le nombre de ces utopies.

Il me semble que le citoyen sans fortune, sans capital, a une suffisante part de charge et d’effective responsabilité lorsque, par son travail journalier il a à pourvoir aux dépenses que comporte une famille plus ou moins nombreuse. L’impôt qu’il paye sous cette forme, n’est-il pas suffisamment onéreux pour qu’il soit juste de l’exempter, jusqu’à tolérance d’un chiffre représentant à peu près le minimum nécessaire à l’existence. La société a même tout à gagner à ce que cet exemption d’impôt contribue à l’aider dans sa difficile mission d’élever une famille. J’ai cité les exemples d’économie sociale où non seulement la communauté ne demande aucun impôt au travailleur, mais vient à son secours en embrassant elle-même une part de ses effectives responsabilités. N’est-ce pas plus humain et même plus conforme aux préceptes du christianisme, que de dire à ces citoyens, comme on le fait en France, que la communauté ne leur doit rien qu’un avertissement d’impôts à payer.

Je ne vois pas bien comment cette conception devrait être rangée au nombre des utopies et comment nous pourrions en périr. Ce qui a fait périr la société française, à la fin du XVIIIe siècle, et ce qui menace de faire périr encore notre société contemporaine, c’est bien l’excessive inégalité de la distribution des biens et des charges ; on n’a jamais vu disparaître une société ou une nation dont les institutions étaient assez prévoyantes pour faciliter l’existence à tous ses membres. On a vu, au contraire, disparaître successivement toutes celles chez lesquelles l’égoïsme indi-