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C’est aux institutions, dites-vous, qu’il appartient d’empêcher les excès de la richesse. Il serait bon de nommer au moins ces institutions.

Comment, c’est décourager l’épargne que d’exempter d’impôt la petite épargne ? C’est décourager les grandes entreprises, les améliorations à la grande propriété, c’est attaquer les sources de la richesse nationale que de répandre partout cette richesse et d’y appeler tout le monde, en en diminuant les grandes agglomérations dans les mains de quelques-uns. La richesse énorme concentrée dans les mains de quelques individus, n’est point du tout nationale, elle est même antinationale, puisqu’elle empêche la nation d’en profiter et qu’elle met entre les mains de ces quelques privilégiés, les moyens d’exploiter tous les autres hommes.

Il est absurde d’aller chercher dans l’impôt, un remède aux maux de la société. Il est dangereux et injuste d’exempter d’impôts toute une classe de citoyens. Qui n’aperçoit la contradiction dans laquelle on tombe en voulant que chaque citoyen ait sa part de pouvoir, sa part de la richesse nationale, mais, par une exemption d’impôt qui sera forcément totale, si son revenu n’atteint que le chiffre exonéré, n’ait pas sa part de charges, c’est-à-dire d’effectives responsabilités ?

Cette conception rentre dans la catégorie des rêveries funestes et dangereuses qui ont inondé les cerveaux malades de la fin du dix-huitième siècle, dont nous souffrons encore, et dont probablement nous périrons, surtout, si les cerveaux