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société moderne avait continué à suivre ces règles protectrices, il n’y aurait aucune utilité à chercher dans l’impôt ou ailleurs, un frein à la cupidité insatiable de certaines natures. Supprimons les jeux de bourse, supprimons les spéculations, supprimons les effets du prêt à intérêt, c’est-à-dire de l’usure, pour l’appeler par son nom ; si M. de Resnes réussit dans cette entreprise, je fais avec plaisir le sacrifice de la progression de l’impôt ; quand il n’y aura plus que le travail honnête et utile pour acquérir la richesse, nous ne serons pas loin d’avoir tous notre légitime place au banquet de la vie.

Vous voyez que nous sommes très près d’un terrain de conciliation : supprimez les causes des fortunes anormales et injustes, moi, de mon côté, je retire mon impôt progressif. Il n’aura plus aucune raison d’être. Le remède devient inutile, lorsque la maladie a cessé d’exister.

L’impôt n’a pas à jouer de rôle moralisateur ; c’est un mal nécessaire qu’on doit en tout réduire au minimum par une sage administration, qu’il faut subir parce qu’on ne peut pas faire autrement, mais auquel il ne faut pas attribuer des propriétés moralisatrices, restrictives de la fortune, garantes de l’égalité, etc. Il n’a rien à voir dans tout cela et son rôle se borne à graisser les roues du char de l’État.

Je m’étonne de trouver sous la plume d’un homme d’affaires, ce mot : « L’impôt doit atteindre le luxe. » De combien de manières ne l’atteint-il pas et comment est-il encore besoin de répéter à quelqu’un, sachant non seulement observer et lire,