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bitudes de luxe. Aux uns, le travail sans issue, aux autres, la jouissance à perpétuité. Dura lex, sed lex ».

Voilà bien l’éternelle imprévoyance ! Les leçons de l’histoire ne serviront donc jamais, quand, peut-être, la justice immanente, comme on l’a appelée, se prépare déjà à rafraîchir la mémoire de ceux qui la perdent si vite. Combien plus sages que notre aristocratie financière, qui se donne comme la première aristocratie du monde, ces intelligents libéraux d’Angleterre qui se mettent eux-mêmes à la tête des réformes utiles, quand l’heure est venue ! Ils n’attendent pas qu’elles leur soient imposées. La différence est grande dans l’attitude entre un gouvernement qui fait à temps les concessions nécessaires, et celui qui recule jusqu’à ce qu’elles soient impérieusement exigées. Cette classe des privilégiés, en France, aurait-elle moins de cœur et de courage, et va-t-elle manquer la plus belle occasion de conserver une influence salutaire sur la direction de nos affaires nationales ?

Dans son livre éloquent : « Le Passé et l’Avenir du Peuple », Lamennais démontre que la liberté individuelle (et elle ne peut être qu’individuelle), n’existe qu’avec la propriété ; que le socialisme et le collectivisme sont la négation de la propriété et, par suite, de la liberté, qu’il n’y a donc, pour le peuple qui travaille, qu’un seul moyen d’arriver à la liberté, c’est de transformer son travail en propriété. Or, cela est-il possible si, d’une part, l’impôt, si, d’autre part, l’intérêt, que l’ancien droit appelait de son vrai nom, l’usure, prélèvent sur le produit du travail, précisément cette part qui pourrait graduellement, dans le cours de la vie, former ce petit capital nécessaire à la liberté, et à ce minimum d’aisance indispensable à ces