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enjolivée d’un filet de peinture. L’évêque y est empaqueté ficelé dans ses couvertures, à la façon des momies antiques. Lorsque ses reins sont moulus par les secousses des cahots, et ses oreilles trop étourdies des rauques frottements de la caisse contre les rugosités de la glace, il se lève et prend la place du coureur « guide ou gouvernail », en lui offrant la sienne. Dans ce tobogan à la chevauchée bondissante,
Le R. P. Riou sur le point de chausser les raquettes de course.
désordonnée, butant sans cesse contre les détours de la forêt, heurtant les arbres, raclant le frimas des branches abaissées, l’auguste voyageur garde la sécurité de se dire que s’il roule dans la neige, — et il roulera, malgré toutes les vigilances, — il ne tombera jamais d’assez haut pour se briser les membres.

Soit que le missionnaire « conduise » son traîneau, soit qu’il « batte la neige devant ses chiens », soit qu’il entreprenne une course solitaire, il ne peut avancer qu’à la condition de « chausser les raquettes ».

La raquette, l’ « escarpin du Nord », le « snow-shoc », est une palette de forme ovale, légèrement relevée en avant, et finissant en queue de poisson. Le cadre de bois est garni d’un treillis de fils de peau (babiche). Une lanière de même nature assujettit les orteils au milieu du réseau et va contourner le talon, afin de retenir le pied dans la position voulue. Les orteils sont l’unique point d’attache immédiat. Ils portent, suspendu, tout le poids de l’instrument qu’ils traînent. Leurs articulations, n’étant enveloppées que de la nippe — pièce de grosse laine — et du mocassin, gardent leur souplesse. L’écart des jambes, l’effort du pied et le balancement rythmé