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revêtent deux aspects, entraînant des difficultés totalement diverses : l’aspect d’un hiver très long, et l’aspect d’un été très court.

Nous suivrons d’abord l’apôtre-voyageur aux prises avec l’hiver.


L’hiver de l’Athabaska-Mackenzie est le plus froid des hivers continentaux.

On sait que le climat d’un pays ne se règle pas uniquement sur sa longitude et sa latitude, ni même sur l’abondance de son insolation. Le relief et l’élévation du sol, l’humidité, la sécheresse, la température des courants atmosphériques et marins en varient beaucoup les conditions.

Exception faite de la Colombie Britannique, abritée par ses montagnes contre le Nord et caressée par les brises du Pacifique, le climat du Canada est, dans son ensemble, très rigoureux. Il le doit particulièrement aux glaciers polaires, providentiels condensateurs de la surabondante humidité du globe, et aux flottes de banquises qui parcourent l’océan Arctique et la profonde baie d’Hudson. L’océan Arctique et la baie d’Hudson, ces réfrigérants naturels de la zone torride par la conductibilité de la terre, dégagent aussi les aquilons qui balayent librement la surface de l’Amérique septentrionale, sans rencontrer, pour s’y attiédir, les chauds effluves d’un gulf-stream.

Ottawa, la capitale de la Puissance, qui, de par sa latitude, aurait droit au climat de Venise, compte cinq mois d’un hiver sibérien. L’Ouest canadien fut longtemps réputé inabordable à la culture, tant il y gelait, jusqu’au milieu des étés. Le défrichement, l’ameublissement du sol ont modifié le climat de la prairie ; mais les hivers de Winnipeg, — latitude de Paris, — demeurent néanmoins plus rudes que ceux de Pétrograd.

Plus haut, dans les forêts de l’Athabaska-Mackenzie, le printemps et l’automne, déjà abrégés dans la prairie, se réduisent davantage. Au Grand Lac des Esclaves, les saisons intermédiaires ne comptent plus. Au Cercle Polaire, elle sont englobées par l’hiver, qui empiète sur l’été lui-même.

Les missionnaires du Fort Good-Hope ont dressé la table