Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LES ÂMES

quèrent à approfondir les idiomes sauvages, afin de bouleverser leur génie matériel et de les forcer à exprimer à l’âme païenne la réalité des vertus, des mystères et des commandements de notre sainte religion. Après quoi, ils se mirent à enseigner. Ils y réussirent. Ce fut une tâche de géants.


Nous appelons les Dénés, d’après la propre dénomination que toutes les tribus de la nation se donnent elles-mêmes.

Déné veut dire l’homme, l’homme par excellence.

Les voisins des Dénés, Esquimaux au nord, Cris au sud, recourent, pour se qualifier, aux expressions correspondantes de leurs langues.

Tous animent ces mots : Déné, Innoït, Eniwok, de l’orgueil d’une race qui se croit la seule humaine, et qui méprise ce qui n’est pas elle-même, apportant ce naïf tribut de confirmation au phénomène, consigné sans exception par l’histoire, que tout peuple, ancien ou moderne, grand ou petit, blanc, noir ou jaune, s’estima toujours le premier des peuples.


Dans quel état l’Évangile trouva-t-il les Dénés, ces hommes supérieurs, ces uniques raisonnables, lorsque sa lumière se projeta sur leurs déserts ?

Ils étaient assis dans les ténèbres de la mort.

Ils étaient ce que nous fûmes dans les Germains, qui sacrifiaient à Thor et Friga ; dans les anthropophages de Bretagne et d’Irlande ; dans les Druides, prêtres des immolations humaines ; dans les Gaulois, adorateurs de Bellone et de Mars, et qui buvaient le sang dans le crâne de leurs ennemis. Ils étaient ce que nous serions encore bientôt, si leurs conditions de vie redevenaient les nôtres. « Laissez une paroisse sans prêtre pendant vingt ans, disait le saint curé Vianney ; on y adorera les bêtes. » Après une moins longue absence, Moïse ne trouva-t-il pas son peuple aux pieds du Veau d’Or ? La seule différence de notre retour au paganisme des sauvages d’avec la barbarie de nos aïeux serait que nous finirions comme les sauvages, tandis que nous commencions avec nos aïeux, s’il est vrai que « le