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LES ÂMES

hardes, déchirées à la première course à travers le bois, son lainage, empâté de sueur et de graisse, ne le défendent plus contre le rhumatisme, les congestions, les inflammations meurtrières.

Ce n’est pas pourtant que la vanité ait oublié tout à fait ce coin désolé de son empire, et que notre Indien ne tienne à faire toilette aux grandes occasions. La femme ajoutera une ligne de perles et de verroteries à la bordure de sa robe. L’homme fera l’emplette d’une chemise, qu’il passera simplement sur celles qu’il portait déjà : et les pavillons nouveaux de battre avec les vieux, par-dessus le pantalon, aux vents du ciel. Tel est le sort de tout habit qu’il ne quittera plus son maître qu’avec les années, en tombant de lui-même jusqu’au dernier lambeau.

Les sauvages les plus voisins des forts-de-traite se rangent, d’ailleurs, peu à peu, aux soins de l’hygiène et de la propreté. La tenue de quelques-uns est déjà irréprochable.

Une seule pièce de l’ancien complet a survécu partout, tant chez le missionnaire et la religieuse que chez l’Indien : le mocassin. Chaussure molle et reposante, faite en peau chamoisée d’orignal ou de renne, cousue de nerfs (fibres d’aponévrose), le mocassin, que retiennent quelques tours de deux souples lanières de peau, enveloppe chaudement le pied.


Le logement du Déné est son moindre souci. Il peut tenir à la belle étoile par des températures extrêmes. Lorsqu’il veut s’abriter, quelques branchages, jetés sur des saules penchés, lui servent de maison. Ou bien il applique des peaux de renne, d’orignal, de phoque, sur des perches disposées en large cercle à la base et se rencontrant en faisceau au sommet : c’est la loge, la résidence régulière. Le lit consistera en une simple toison de bœuf musqué, d’élan ou de loup. Le foyer tiendra en quelques tisons allumés au milieu de la loge. Pour mobilier : un chaudron, quelques tasses en zinc ou en écorce de bouleau, dans lesquelles on boit le thé — nectar du sauvage —, un fusil, une hache, deux pipes : l’une pour l’homme, l’autre pour la femme.

En un quart d’heure, la maison sera pliée, empaquetée sur