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AUX GLACES POLAIRES

Il peut donc sans scrupule accepter les offres qui lui sont faites. Il suivit mon conseil et signa le traite. Et voilà comment le gouvernement du Canada doit me savoir gré d’avoir écarté cet obstacle et facilité d’autant le succès de la commission.


Le prélat continue, comme pour marquer un contraste, faisant d’ailleurs la part du beau rôle qui revient aux Montagnais :


Au lac Athabaska, l’acceptation du traité ne fit pas un pli. Ce ne sont pas nos Montagnais qui auraient des scrupules comme le chef des Cris de la petite rivière Rouge ! Ils demandent sans cesse, ont toujours les mains ouvertes pour recevoir et trouvent qu’on ne leur donne jamais assez ; au demeurant fort braves gens et bons chrétiens. Ils me firent une réception enthousiaste, brûlèrent quantité de poudre, et les collines rocailleuses qui environnent la mission de la Nativité se renvoyèrent longtemps les unes aux autres les échos de la fusillade…


Le Cris est doué de cœur. Lorsque, à la longue, il s’est attaché à son missionnaire, c’est profondément et pour toujours. Longtemps après la mort du Père Collignon, au Petit Lac des Esclaves, un vieux sauvage, Wabamun, disait :


Quand je suis seul dans le bois, les larmes coulent souvent de mes yeux, à la pensée que le* Père Blond (nom Cris du Père Collignon) nous a quittés. Il était si bon ! Il nous aimait tant !


De tout son cœur surtout le Cris s’attache au Dieu d’amour qu’on lui fait connaître. Le Père Bonnald instruisait une sauvagesse des bords de la Baie d’Hudson et ses deux enfants, tous trois convertis et baptisés depuis peu : « Assise entre ses deux fils, sur un banc de la chapelle, elle écoutait avec recueillement. Un jour, elle se mit à pleurer :

— Ah ! mon Dieu, disait-elle, si j’avais connu jadis ce que j’entends aujourd’hui, je n’aurais pas tant péché, je n’aurais pas été si misérable ! »


L’œil attendri du missionnaire peut suivre le développement de la grâce dans l’âme purifiée du Cris de bonne volonté :


Alors, dit Mgr Charlebois, faisant allusion à certaine mission de son vicariat, alors la confession de la plupart devient celle-ci :