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AUX GLACES POLAIRES

rons de faim, s’il le faut ; mais nous resterons catholiques !

Le missionnaire ne résidait pas encore parmi eux, à cette époque.

Telle qu’elle est aujourd’hui, la mission Loucheuse peut être proposée comme le modèle de la chrétienté, qui n’a de cœur que pour aimer le bon Dieu et ses prêtres.

Mais, sans parler de la langue, le plus (difficile des dialectes dénés, sans insister sur les rigueurs extrêmes du climat, combien il en coûta pour faire naître et pour sauvegarder la foi de ces Loucheux !


Le Père Grollier, arrivé au fort Mac-Pherson, en septembre 1860, le jour de la fête du Saint Nom de Marie, donne ce divin vocable, « gage de toutes les grâces », à sa nouvelle mission. Ayant baptisé soixante-cinq Loucheux et quatre Esquimaux, il retourne à Good-Hope, tout heureux ; mais pour revenir, l’année suivante, presque mourant, et ne trouver plus que les ruines accumulées par le ministre.


Au Père Seguin de reprendre le combat. De 1862 à 1890, chaque année, soit en canot d’écorce, soit à pied, il refait cette course de 200 lieues, de Good-Hope aux Loucheux et des Loucheux à Good-Hope[1]. En 1868, à sa septième tournée apostolique, il trouve sa mission du fort Mac-Pherson si accablée de nouveau sous les coups du ministre établi sur les lieux et de la femme Loucheuse du commis, qu’il décide de diviser le champ de bataille, et qu’il place une chapelle au confluent de la Rivière Rouge Arctique et du Mackenzie, où il espère retenir les Indiens de bonne volonté, loin de l’atmosphère néfaste de Mac-Pherson. Le missionnaire continua néanmoins ses visites aux Loucheux de la rivière Peel, jusqu’en 1873, date où ces malheureux eurent l’audace de lui représenter eux-mêmes que ses efforts pour gagner leurs âmes seraient désormais inutiles, attendu que leur nouveau ministre, M…, venait d’épouser une jeune Loucheuse qu’un naïf sauvage lui avait confiée, et que cette femme rusée, fougueuse, infatigable parleuse, de cœur généreux d’ailleurs, était la parente estimée de tous

  1. V. chap. XV.