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LES PEAUX-DE-LIÈVRES

que de légères atteintes, l’étreignit depuis ce temps, sans lui laisser de répit.

Mais l’apôtre marcha quand même.


En 1858, il laisse le lac Athabaska, et débarque au Grand Lac des Esclaves, le 22 juillet, pour établir définitivement la mission Saint-Joseph.

Trois semaines après, passe l’équipage de la Compagnie, avec le Père Eynard et l’archidiacre anglican Hunter. Sans balancer, il remet la mission Saint-Joseph au Père Eynard, et se jette aux trousses de celui qu’il appelle « l’homme ennemi ». Il réussit à prendre place sur la barge même qui emportait le ministre.

Sous les yeux de Hunter, il fonde la mission du Saint et Immaculé Cœur de Marie, à la Grande-Ile, et la mission du Sacré-Cœur, au fort Simpson.

Il voudrait poursuivre ; mais Ross, le bourgeois du district, l’arrête et le force à retourner à Saint-Joseph.

En regagnant le Grand Lac des Esclaves, il apprend que Hunter et Ross, de conserve, ont fait signer par tous les commis-traiteurs, une requête, priant le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Sir Georges Simpson, de bannir du Mackenzie le prêtre catholique, et de réserver les tribus de l’Extrême-Nord au protestantisme. Le Père Grollier écrit à Mgr  Taché de tenter l’impossible pour déjouer l’odieuse manœuvre ; et il réclame, pour lui-même, « la grâce d’être envoyé aussi loin que la terre pourra le porter. »

Année d’indicible inquiétude.


Il attend la réponse en travaillant pour les Couteaux-Jaunes et les Montagnais de la mission Saint-Joseph. Le 12 avril 1859, il part sur la glace du Grand Lac des Esclaves, pour fonder la mission Saint-Michel du fort Rae, chez les Plats-Côtés-de-Chiens. Le 10 mai, il revient de Saint-Michel, sur la glace encore, à Saint-Joseph.

Au retour de ce voyage, se passa une scène, dont le secret, sur l’ordre du missionnaire, fut gardé par Pierre Beaulieu, jusqu’au jour récent où Mgr  Breynat obligea celui-ci à dire tout ce qu’il savait.