Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
LES PEAUX-DE-LIÈVRES

avenir de libérateur des Peaux-Rouges arctiques. Il arriva au noviciat de Notre-Dame de l’Osier, sous les airs d’un « jeune citadin élégant et candide », à qui ses confrères prédisaient gracieusement, pour la vie, le soleil du Midi et les olives de Marseille.

S’ils avaient pu entendre les prières du tendre novice, et lire ses lettres à son supérieur général ! Sa devise était : Da mihi animas ! Donnez-moi des âmes ! Missionnaire des pauvres, il réclamait les âmes les plus pauvres, entre les pauvres.

Mgr de Mazenod l’ordonna prêtre, le 29 juin 1851, et l’offrit à Mgr Taché, comme le « présent de son cœur ».


La course apostolique du Père Grollier, comme celle de saint François-Xavier, son idéal, dura douze ans. À l’exemple de l’apôtre des Indes, il dévora les espaces, en entraînant les peuples.


En 1852, il arrive à la Nativité, lac Athabaska, pour seconder le Père Faraud.

En 1853, il sait le montagnais, et va fonder la mission de Notre-Dame des Sept-Douleurs, au Fond-du-Lac (Athabaska) : il y retournera quatre fois, pour de longs séjours.

C’est au deuxième de ces voyages à Notre-Dame des Sept-Douleurs qu’il contracta le mal qui devait le mener si prématurément au tombeau.

Un Indien le conduisait chez son père malade. Il y avait deux jours qu’ils marchaient, lorsque des chasseurs, venant du camp où se rendait le missionnaire, lui apprirent que le malade n’était plus en danger et pouvait attendre. Le Père Grollier fut heureux de cette nouvelle, qui lus permettait de retourner à la mission, pour l’Ascension, selon la promesse qu’il avait faite aux Mangeurs de Caribous. Il restait trois jours avant la solennité :

— Va, dit-il à son cicerone, et annonce à ton père que j’irai le voir, la semaine prochaine. Pour moi, je reprends le chemin du fort.

Le jeune homme voulait l’accompagner ; mais le père s’y refusa :