midi, et teint quelques instants « de sa couleur sanguinolente les rivages lointains du Mackenzie » ; l’astre lui-même disparaît complètement à la vue du fort, du 30 novembre au 13 janvier, et gratifie ainsi Good-Hope de la longue nuit du pôle.
Mais, dans cette nuit de 44 jours, se déploient les magnificences d’un firmament que nos pays tempérés ne contempleront jamais : une lune sans lever ni coucher ; des étoiles au scintillement palpable ; d’inlassables aurores boréales, pavillons mouvants du pôle magnétique. Toutes ces coruscations, avivées par les froids intenses, illuminent comme un jour la nuit polaire : et nox sicut dies illuminabitur.
Du 13 janvier à l’équinoxe du printemps, le soleil ressuscité occupe ses courtes et froides heures à se parer de météores ; il s’auréole de halos d’argent ; à travers les cristaux grésillants du givre, il se multiplie en parhélies, tenant le centre de trois, six et quelquefois huit soleils équipolés, aussi, brillants que lui-même. L’équinoxe franchi, il se libère de l’horizon, et marche, sicut gigais ad currendam viam. Pendant cinq mois, il confond son aurore avec son coucher, versant à Good-Hope un jour continu de 150 jours. Une lieue plus loin, dans le cercle polaire, il ignore son déclin, nescit occasum.
Une nuit, un jour : telle est donc l’année des Peaux-de-Lièvres, des Loucheux et des Esquimaux.
Les grands convertisseurs des Peaux-de-Lièvres de Good-Hope furent les Pères Grollier et Séguin. Le Père Grollier prépara l’œuvre de Dieu ; le Père Séguin l’accomplit.
Le Père Pierre-Hexri Grollier (1826-1864)
Le Père Grollier fut l’apôtre de feu, le François-Xavier des glaces.
Il naquit à Montpellier, le 30 mars 1826.
Rien dans le « bel enfant délicat » — ainsi le trouvait sa mère, comme la mère de Moïse trouvait son nouveau-né : videns eum elegantem — rien n’eût fait prévoir son rude