Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
LES ESCLAVES

« Le fort Wrigley n’est pas sans charme pour une âme méditative ou pour un poète : la première de ses qualités, sous ce rapport, c’est la solitude parfaite dont on y jouit, le calme ; rien n’en trouble le silence, si ce n’est le bruit d’un rapide qui se trouve juste au-dessus de la mission…

« À la tête de ce rapide se trouve une source d’eau pétrifiante, et, dans l’île d’en face, une source d’eau chaude. »

Cette description est du Père
R. P. Gouy.
Gouy, premier résident du fort Wrigley, en 1897. Il convient de la compléter, en disant qu’en 1910 la mission changea de rive, avec le fort, transporté un peu en aval ; et que, devant elle, le large Mackenzie s’étale pour contourner bientôt le légendaire Rocher-qui-trempe-à-l’eau, muraille conique de 500 pieds, lézardée par les siècles, et qui, adossée comme pour les contenir à des gradins de montagnes entassées, plonge droit sur le fleuve.

La misère et la mort n’évolueront nulle part en un théâtre de plus imposante beauté.


Il y avait, au fort Wrigley, lorsque le Père Ducot vint le visiter, du fort Norman, en 1881, quelques 300 Indiens : il en demeurait 70, en 1915. La famine, les épidémies emportent le reste.

Bientôt le silence du désert planera de nouveau sur Wrigley.