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LES ESCLAVES

cours d’eau. D’autres îles se créent par les alluvions qui s’arrêtent à des amas de grands arbres échoués sur des récifs. Ces îles seront couvertes de sapins et de liards, que les bois qui les supportent apparaîtront encore. Une crue plus puissante enlèvera le tout pour l’ajouter à quelque promontoire, ou le distribuer en débris à des îles plus tenaces. L’on dirait qu’en cette sauvagerie la nature n’a pas encore fondé ses bases.

Le fort Nelson remplaça le fort Halkett, en 1867.[1]


En 1868. le Père Grouard vint commencer, au fort Nelson, la mission Saint-Paul.

Il y trouva, avec les Esclaves, et en nombre presque égal, des Sékanais.

Les Sékanais, tribu dénée encore, s’irradient sur les deux versants des montagnes Rocheuses, et tombent, selon leurs zones de chasse, sur les missions de la Colombie, ou sur les missions du Mackenzie. Les Sékanais, nobles de caractère, respectueux, généreux, eussent fait de beaux chrétiens, s’il se fût trouvé un missionnaire de leur langue, sœur de la langue castor, à leur service. Les rares familles qui prirent contact avec le prêtre, aux forts des rivières la Paix et Nelson, se firent instruire par interprètes, et reçurent le baptême.

Il reste, au fort Nelson, environ 250 sauvages, convertis et assez fidèles.

Ils coûtèrent une rude rançon d’ouvriers et d’ouvrage.


D’abord, à peine avaient-ils été touchés par les Pères Grouard et de Krangué, qu’un prophète se leva parmi eux. Il ne réclamait même pas trois lignes d’un honnête homme,

  1. Nous avons parlé, au chapitre XII, de la visite que fit le Père Gascon au fort Halkett, en 1862.

    À mi-chemin à peu près, du fort des Liards au fort Nelson, sur la rive droite de la Nelson, des broussailles recèlent les débris d’un fort, le Vieux Fort, de la Compagnie du Nord-Ouest. Il fut détruit par les Esclaves et les Mauvais-Monde, qui firent croire au bourgeois qu’ils avaient tué des orignaux à son intention. Le bourgeois les acheta, sur leur parole, et les envoya quérir par ses engagés. Les sauvages se ruèrent alors sur le fort sans défense, massacrèrent le commis, sa femme, ses enfants, pillèrent le butin et brûlèrent les édifices. Les engagés eurent le même sort à mesure qu’ils rentrèrent. Le fort ne fut jamais relevé.