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LES PLATS-CÔTÉS-DE-CHIENS

Tous les sauvages formés par nos missionnaires, et qui n’ont le bonheur de passer que peu de jours à la mission, observent dans leur vie nomade les enseignements et les préceptes de la sainte Église. À Noël, « lorsque la grande ourse marque minuit », chaque dimanche et chaque fête (jours indiqués par une croix, dans leur petit calendrier), lorsque le soleil l’été, ou la lune l’hiver, sont à la hauteur choisie par le père pour célébrer la messe, ils se réunissent, par campement, dans la loge de l’un d’eux, à tour de rôle, pour l’office divin. Cantiques, chapelet, sermon par le chef, ou par le plus ancien, communion spirituelle à l’Hostie immolée, loin de là, dans la petite chapelle : toute la cérémonie se déroule dans une piété, digne des moines du désert. La part de Dieu faite, chacun met au chaudron commun le morceau qu’il a apporté. Le calumet et les projets de chasse achèvent les agapes. Les Indiens observent scrupuleusement le repos dominical ; ils considèrent comme une faute de tirer un coup de fusil, le jour du Seigneur, à moins qu’ils ne se trouvent en extrême nécessité. Les prières du matin et du soir, le chapelet quotidien ne sont jamais omis.

La fidélité des Flancs-de-Chiens, en particulier, à ces dévotions frappa un jeune protestant, lauréat d’universités anglaises, que la spécialité de ses études conduisit au fort Rae. Il l’exprima dans son livre :


Les Flancs-de-Chiens observent strictement les pratiques de l’Église Catholique. Pas un repas n’a été pris, en ma présence, durant les deux mois que j’ai résidé chez eux, sans être accompagné des grâces, en commun ; et quelquefois il fallait un grand effort de l’imagination pour voir de quoi ils pouvaient bien être reconnaissants. Les services du dimanche étaient des cérémonies très soignées. Une réjouissance les suivait toujours, lorsque l’on était en lieu de campement. En cours de voyage, ces prières étaient faites avant la marche du jour. Ils déployaient une foi surhumaine à rester à genoux dans les neiges des terres stériles, (barren ground), pour réciter leurs prières, les dents claquantes de froid, et égrener leurs rosaires de leurs doigts demi-gelés.[1].

  1. Explorations in the far North, by F. Russell, Cambridge, Mass., 1898.