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AUX GLACES POLAIRES
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Le lac Athabaska, dont la largeur principale est de 30 kilomètres, s’étend, de l’est à l’ouest, sur une longueur de 350 kilomètres. Le véritable fond du lac est marqué, à l’est, par l’embouchure de la rivière Noire ; mais le Fond-du-Lac, tel que désigné par les commerçants et les missionnaires, se trouve à 70 kilomètres en deçà de l’extrémité réelle, et à 280 kilomètres, par conséquent, de la mission de la Nativité. Les bords du lac, s’y rapprochant plus qu’en tout autre endroit, forment un détroit de près de deux kilomètres seulement, où le poisson vient se masser aux époques de la migration, et où le renne, qui recherche les passages resserrés, vient franchir le lac, soit à la nage, soit sur la glace. Les trafiquants trouvèrent là le gros des chasseurs Indiens, et ils y fixèrent le fort-de-traite.

Sous un ciel de Monaco, avec ses deux vues sur l’immensité des eaux bleues, un tel Fond-du-Lac serait de toute magnificence ; mais, au Fond-du-Lac subarctique, la maison du missionnaire, perchée parmi les loges indiennes sur des falaises sans rempart, ne saurait perdre une rafale des tempêtes.

Le charme particulier de la mission de Notre-Dame des Sept-Douleurs lui vient de ses beaux grands sauvages bronzés, qui n’eurent que peu de contact avec les Blancs et leurs vices. Ce sont des Montagnais, de même souche et de même dialecte que ceux de la Nativité, mais d’un sang resté sans alliage. Le nom qu’ils se donnent, Etshen Eldeli, Mangeurs de Caribous, indique assez leur mode d’existence.


Le caribou n’est autre que le renne de Laponie et du Labrador. On n’ignore pas que ce mammifère ruminant constitue une espèce de cervidés propre à l’hémisphère boréal. Il est caractérisé par un pelage bai-brun largement pommelé, une crinière couvrant les fanons de la gorge, une ramure longue et déliée chez les deux sexes, des jambes courtes et épaisses, de larges sabots fendus et un mufle rappelant celui de l’âne. Sa taille ne dépasse guère lm20.

Le renne, par sa chair, sa peau, son poil, ses os, son bois et la corne de ses pieds, peut fournir à l’Indien toute sa subsistance, tout son vêtement, tout son logement. Son lait