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Les populations témoignent généralement de la déférence aux moines du sud qui font, d’ailleurs, bonne impression sur les étrangers.

Le bouddhisme du nord, dit lamaïsme, ne jouit pas de la même sympathie. Il pèse sur les populations comme un joug d’esclavage, il exerce sur elles un pouvoir presque illimité. Sans doute, il les a plus ou moins instruites, mais en même temps il les a rivées à l’obéissance. Les couvents forment de petites cités où habitent des milliers de moines derrière des murs hauts comme des remparts.

Le panthéon lamaïste est d’une richesse exubérante. Non seulement, on y trouve des figures hindoues, mais les créations de l’imagination du mahayana ou « grand véhicule ».

L’inhospitalité du territoire montagneux du Tibet explique que ce pays soit resté longtemps sans contact avec le bouddhisme. L’arrivée de celui-ci au VIIe siècle après Jésus-Christ eut pour cause la sagacité politique d’un souverain ; Irang Tsan Gamno. Vers 640, il envoya des ambassadeurs dans l’Inde et prit en main l’installation du bouddhisme. C’est lui qui fit de Lhassa la capitale.

Le bouddhisme introduit au Tibet était celui du mahayana sous les formes de l’école dite de tantra (le tantrisme) qui associait le nihilisme du mahayana philosophique, lequel après avoir nié la réalité des choses, niait jusqu’au monde spirituel et pré-