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Nous voulons par là dire qu’elle sera inspirée par des sentiments humains, les plus beaux qui soient, de justice et d’amour — d’amour au sens de charité, d’amour du prochain que lui donne le christianisme — sentiments qui donnent au qualificatif humain toute sa valeur.

Est-ce à dire que nous ignorions les risques qu’entraîne, pour l’Europe, la présence de l’Asie ? Loin de là. Nous savons que l’Asie apporte à l’Europe des principes nouveaux pour elle, « une conscience métaphysique » différente de la sienne, mais nous savons aussi que si sur ces points « Orient et Occident ne se rencontreront jamais », si la fusion entre eux ne peut se faire, du moins peuvent-ils trouver dans le sentiment d’humanité tel que le christianisme l’entend et le proclame, un terrain de compréhension et d’entente.

Mais, dira-t-on, que les Européens de civilisation chrétienne puissent éprouver un sentiment à l’égard des Asiatiques qui sont d’une autre civilisation qu’eux, soit, mais que ceux-ci répondent par un sentiment analogue et contribuent ainsi à créer un lien avec les premiers, voilà qui est moins sûr.

Nous n’en disconviendrons pas. Aussi, pour que la réciprocité se fasse jour dans les rapports moraux des Asiatiques et des Européens, sommes-nous d’avis que ceux-ci prennent les devants. Ils le doivent et ils y ont intérêt. C’est l’Asie qui vient vers nous, c’est sa présence parmi nous qui est le fait nouveau de notre époque. N’est-ce pas à nous de