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et le pauvre brahme mourut après y avoir langui dix ans.

Les créanciers, dont la colère n’était pas encore apaisée, ne voulurent pas permettre qu’on fît à ce brahme les cérémonies ordinaires des obsèques, et firent jeter son corps dans la mer. Son cadavre fut bientôt dévoré par les requins et autres poissons voraces, et il n’en resta plus que le crâne. Ce crâne surnagea long-temps à la surface de l’eau au gré des vents, qui l’agitaient dans tous les sens ; à la fin les vagues le jetèrent sur le rivage : mais un long frottement contre les vagues et contre les objets qu’il rencontrait, l’avait rendu si poli et si brillant que sa première forme était presque entièrement effacée ; on eût dit un coquillage des plus beaux ; ajoutez que, porté par les flots de côté et d’autre, il s’était rempli d’ambre et d’autres substances d’une odeur plus suave que le musc le plus odoriférant.

Dans cet état, ce crâne fut trouvé sur le rivage de la mer par une personne qui, n’en connaissant pas la valeur, le vendit à bas prix à un voyageur étranger qui visitait les provinces voisines du Gange, et qui, se croyant possesseur d’un objet précieux, l’offrit à un rajah-poutre qu’il rencontra dans le voisinage du Gange. Ce dernier fut d’abord surpris de la rareté de cet ob-