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cun d’eux. Prenant la parole à son tour : Oui ! oui ! je vous entends ; c’est elle, dit-il (il parlait de sa femme), c’est elle qui vous a envoyés ici sur ma route pour m’arrêter et m’engager à retourner à la maison ; mais vous n’y réussirez pas. La connaissez-vous ? Dans la troupe des diables, je défie qu’on en trouve un qui l’égale en méchanceté ; depuis que, par mon malheureux destin, je l’ai achetée[1], elle m’a fait commettre plus de péchés que je ne pourrais en expier dans cent générations : je vais en pèlerinage à Cassy (Benarez), afin de m’y baigner dans les eaux sacrées du Gange et d’obtenir par cette ablution sainte la rémission des péchés sans nombre que j’ai commis depuis le jour où j’eus le malheur de l’avoir pour femme ; après cela, je vivrai d’aumônes, le reste de ma vie, dans un pays étranger. Ainsi il est inutile que vous me parliez d’elle ; mon parti est pris, et tout ce que vous pourriez me dire de plus persuasif ne pourrait jamais m’engager à vivre plus long-temps dans la société d’un pareil démon.

Tandis que ces quatre sourds parlaient tous

  1. Acheter une femme ou se marier, sont deux termes synonymes parmi les indiens.