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est entré, il m’a demandé le pilon avec lequel on pile le riz, pour l’emporter : Je ne puis vous le donner, ai-je répondu, sans la permission de mon mari ; il est à présent au marché, il reviendra bientôt ; tenez voilà une natte, asseyez vous en attendant qu’il vienne : sur cela, votre pandaram s’est mis en colère, et s’est aussitôt sauvé.

Tu as eu tort de te conduire ainsi, dit le chitty à sa femme ; on ne doit jamais mécontenter les pandarams, et quoi que ce soit qu’ils demandent, il faut le leur accorder. Donne-moi donc vite ce pilon, que je le lui porte moi-même. Le marchand prit le pilon, et s’étant informé du chemin qu’avait pris le pandaram, il courut après lui. De si loin qu’il l’aperçut : Arrêtez, pandaram ! lui dit-il, arrêtez-vous ! voici le pilon dont vous avez besoin. Ce dernier, voyant venir à lui le chitty, un pilon à la main et courant, ne douta nullement qu’il ne vînt dans le dessein d’achever sur ses épaules avec ce pilon le sacrifice que sa femme n’avait pas eu le temps d’accomplir auparavant à la maison : c’est pourquoi au lieu de s’arrêter, comme le lui criait le chitty, il se sauva de toutes ses forces. Le marchand, le voyant fuir, s’imagina qu’il était réellement fou, comme sa femme le lui avait dit, et d’ailleurs, son âge et son gros ventre ne lui permet-