Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

heure, l’esprit très-vivement frappé de la prédiction de l’astrologue, et sa santé réellement altérée par la chute qu’il avait faite. Cependant cette dernière considération ne l’affectait pas à beaucoup près autant que la première ; il ne put fermer l’œil un instant, et passa la nuit dans la plus violente agitation, se tournant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Son imagination lui rappelait sans cesse la prédiction du brahme, et s’apercevant que la partie mentionnée dans la prophétie ne se réchauffait pas, il croyait fermement qu’il ne lui restait que quelques heures à exister, et que ce jour-là devait être le dernier de sa vie. C’est ainsi qu’il passa la nuit dans les plus vives alarmes sans pouvoir goûter un seul instant de repos.

Lorsqu’il fut grand jour, il appela ses disciples. La nuit cruelle qu’il avait passée avait altéré ses traits ; les disciples s’aperçurent de ce changement au premier abord, et lui voyant les sens égarés, le visage pâle, les joues enfoncées, les yeux hagards, et toujours fixés sur le même objet, les lèvres livides, la bouche sèche, la respiration gênée, sans qu’ils pussent deviner la cause d’un changement si subit et si alarmant, ils furent tous saisis de frayeur et se regardèrent long-temps les uns les autres en silence et d’un air consterné.