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une goutte de miel qu’on goûte dans cette vie, combien de coupes de fiel à avaler ! Nos pères ont bien eu raison de dire qu’on ne trouve pas de riz, quelque fin soit-il, qui ne soit enveloppé de sa gousse, ni de fruit, quelque agréable qu’il soit au goût, qui ne soit accompagné de peau et de noyau.

J’ai mûrement réfléchi sur l’origine et la cause de mes derniers malheurs, et je n’en ai pu découvrir d’autres que ce maudit cheval que je reçus en présent avec tant de joie. Les contre-temps sans nombre qui m’ont assailli depuis que je l’ai, m’ont convaincu que garder un cheval était contraire à mon destin, et que je n’étais pas né pour étaler un pareil faste. Un homme tel que moi, qui a mené jusqu’à présent une vie retirée et obscure, ne doit pas, à la fin de sa course, témoigner le désir de la pompe et de l’éclat ; et je suis décidément déterminé à me défaire de ce cheval, et à le renvoyer à son premier maître.

Les disciples avaient prêté une oreille attentive à l’éloquent et touchant discours de leur maître ; ils lui firent des remontrances respectueuses, mais vives, contre la résolution qu’il avait prise. Quel dessein avez-vous conçu là ? lui dirent-ils ; renoncez vite à un pareil projet, et secouez tous les vains scrupules qui vous l’ont fait concevoir. Bien loin que l’usage de ce che-