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VOYAGE DE PARAMARTA.

prise plusieurs fois entre ses mains, il se tourna tout-à-coup vers les spectateurs, qui l’observaient avec un respectueux silence, et leur dit, dans un transport de joie : J’ai enfin découvert le sort ! Il réside dans cette oreille, et pour l’enlever, il faudra couper l’oreille à rase tête.

Il ordonna aussitôt qu’on creusât un trou profond dans la terre, à quelque distance, pour y enterrer l’oreille avec le maléfice dont elle était atteinte ; et s’étant fait apporter une faucille, il commença par la bien aiguiser, après quoi il s’approcha du cheval, le fît lier, et lui coupa rase tête, avec sa faucille, la seule oreille qui lui restait. Aussitôt qu’il l’eut coupée, il la porta, en courant de toutes ses forces, vers le trou qu’on venait de creuser, et l’y ayant vite déposée, il la couvrit bien de terre, afin que le maléfice qui y était fixé ne pût pas s’échapper, et aller s’attacher à quelque autre objet.

Le lendemain matin, le gourou remonta sur sa vieille rosse sans oreilles ; mais fatigué de tant de contradictions, au lieu de continuer son voyage, il reprit la route de son mata, où il arriva enfin sans autre accident.

FIN DE L’AVENTURE CINQUIÈME.