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homme très-équitable. C’était une de ces personnes rares qui pèsent tout rigoureusement à la balance de la plus stricte justice, sans se laisser gagner par des présens ou d’autres considérations d’intérêt. C’était d’ailleurs un homme à talens, possédant parfaitement le Darma-Sastra[1], et versé dans toutes les sciences, comme vous l’allez voir dans le jugement qu’il porta sur mon affaire :

« Ceux qui ont mangé le ragoût de mouton doivent payer avec de bon argent.

» Celui qui a avalé les vapeurs ou la fumée qui s’exhalait du ragoût de mouton, doit payer avec les vapeurs ou l’odeur de l’argent. »

Prenant ensuite un petit sac d’argent qu’il avait sur lui, il s’approcha de mon adversaire, le prit d’une main par la nuque du cou, et de l’autre lui frotta rudement le nez, disant en même temps : Sentez mon ami, sentez ; et voilà votre salaire pour l’odeur ou les vapeurs de votre ragoût de mouton.

En voilà assez, en voilà assez, lui dit mon adversaire ; vous me déchirez l’oreille ; je suis satisfait ; laissez-moi retourner en paix chez moi.

  1. Ouvrage célèbre chez les Indiens, et contenant les règles de leur Jurisprudence.