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ment sur leur heureuse traversée, et qu’ils oubliaient dans la joie toutes les contradictions et les sollicitudes qu’ils avaient éprouvées ce jour-là, il prit fantaisie au disciple nommé Idiot de compter leur nombre, afin de s’assurer si quelqu’un d’entre eux n’avait pas péri au passage de la rivière ; mais en faisant le dénombrement, il oublia de se compter lui-même, et ne compta que les cinq autres présens. Persuadé, d’après ce compte plusieurs fois répété, que l’un d’entre eux avait été englouti par la rivière : Quel malheur nous est arrivé ! s’écria-t-il, quel grand malheur ! l’un de nous a disparu au passage de la rivière ; nous étions six lorsque nous y sommes entrés, et maintenant nous ne sommes plus que cinq. Pour vous en convaincre, ajouta-t-il, je vais nous compter encore une fois devant vous ; éloignez-vous un peu, pour qu’il n’y ait pas de confusion. Le gourou et ses disciples rangés sur une même ligne, Idiot les compta à plusieurs reprises ; mais comme il oubliait encore à chaque fois de se compter lui-même, il ne put jamais trouver que cinq personnes.

Paramarta et ses autres disciples, persuadés qu’il ne pouvait y avoir d’erreur dans un compte si souvent répété par Idiot, demeurèrent con-