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L’ORPHELIN, LE BARBIER, ETC.

s’y prépara de la même manière qu’il avait vu que s’était préparé l’orphelin dont on vient de parler ; et lorsque tout fut prêt chez lui, il sortit pour aller chercher trois mendians et les conduire à sa maison sous prétexte de leur faire l’aumône. Il prit les trois premiers pauvres qu’il rencontra dans la rue, les introduisit chez lui avec beaucoup de démonstrations extérieures de bonté, les fit asseoir, leur offrit d’abord un sacrifice de fleurs et d’encens, après quoi il leur servit à mander.

Dans le temps que ces trois mendians prenaient tranquillement leur repas sans se douter d’aucune perfidie de la part de leur hôte, celui-ci alla prendre un gros pilon, et s’approchant tout doucement derrière eux, il commença à en décharger de grands coups sur la tête de l’un d’eux, et l’assomma. Pendant qu’il assommait celui-là, les autres, saisis d’épouvante, se levèrent bien vite, et se sauvèrent de toutes leurs forces, criant à leur hôte, comme ils s’enfuyaient : Ah traître ! ah perfide ! ah scélérat ! est-ce donc là l’aumône que tu nous destinais ? Est-ce ainsi que tu exerces l’hospitalité ?

Le barbier attendit qu’au moins celui des trois qu’il avait déjà assommé se convertît en or ; mais il attendit en vain, le mort resta cadavre,