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L’ORPHELIN, LE BARBIER

son, tu les feras asseoir, tu feras en leur présence les sacrifices ordinaires à tes Dieux domestiques, après quoi tu leur serviras à manger. Pendant qu’ils prendront leur repas, tu saisiras le pilon avec lequel on pile le riz, et tu assommeras ces trois mendians l’un après l’autre. Aussitôt qu’ils seront morts, leurs corps se convertiront en trois grands vases de cuivre remplis d’or et de pierreries ; tu prendras ces trois vases avec les richesses qui y sont contenues, et tu pourras vivre à l’avenir dans la jouissance de tous les biens temporels.

Le matin, à son réveil, l’orphelin, l’esprit tout occupé de ce qu’il avait vu en songe pendant la nuit, alla le communiquer à la veuve qui l’avait élevé. Saisie d’admiration en entendant le récit d’un songe si extraordinaire, elle conseilla à son fils adoptif de se conformer aux avertissemens que le ciel lui envoyait.

Le lendemain, le jeune homme se leva de bon matin, et fit d’abord venir le barbier pour se faire raser la tête. Ce dernier, surpris qu’on l’eut appelé à cette heure-là pour une pareille opération, demanda à celui qui l’avait fait venir quelles affaires si pressantes il pouvait avoir pour vouloir se faire raser avant le lever du soleil ; l’orphelin répondit qu’il était obligé d’ac-