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L’ORPHELIN, LE BARBIER

Une pauvre femme vint à passer par cette route ; elle aperçut cet enfant abandonné et exposé à périr bientôt ; touchée d’une tendre compassion, elle le prit avec elle, le porta à sa maison, s’attacha à lui, et l’éleva avec autant d’affection que s’il eût été son propre fils.

Lorsque cet orphelin fut devenu grand, et qu’il eut atteint l’âge de raison, la femme qui l’avait élevé, et qui menait elle-même une vie misérable, lui raconta l’histoire de sa naissance, et la manière dont il était tombé entre ses mains. Elle lui parlait souvent des richesses que possédaient ceux qui l’avaient mis au monde, et de l’état d’abondance dans lequel ils avaient toujours vécu, ajoutant qu’il était destiné à être l’héritier de toutes ces jouissances temporelles, si les péchés d’une génération précédente ne lui eussent pas attiré le malheur de naître sous une constellation contraire, dont les augures défavorables avaient porté ceux de qui il tenait l’existence à l’abandonner.

Le récit souvent répété de cette femme produisit dans l’esprit de cet orphelin les sentimens de la plus vive douleur ; il apprenait d’elle qu’il était né pour vivre dans les délices, et il se voyait réduit à végéter dans un état de misère affreux. Les réflexions qu’il ne ces-