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nage donnait un repas à l’occasion de l’anniversaire de la mort de ses parens, il s’y rendit pour y prendre part. Quoique l’assemblée fût nombreuse, on servit à tous les convives de quoi se rassasier abondamment, et le festin fut des plus splendides. Après le repas, Yagna-Sarma, qui avait eu soin de se bien remplir l’estomac, reprit la route de son domicile. Chemin faisant, il apprend qu’un autre brahme, à quelque distance de là, donnait aussi, ce jour-là, un festin pour le même objet que celui auquel il venait d’assister. Il y court aussitôt, et arrive au moment où les convives s’asseyaient en file pour être servis. Lorsque le maître de la maison le vit paraître, sachant qu’il avait déjà figuré au festin qui s’était donné ce jour-là ailleurs, et qu’il était un des convives qui avait fait le plus d’honneur au repas somptueux qu’on y avait servi, il se mit à rire, et le regardant d’un air moqueur, il lui dit : Après vous être si bien montré au festin qui a été donné ce matin dans le voisinage, trouverez-vous encore de la place vide dans votre estomac pour faire honneur à celui-ci ? Le brahme, sans se laisser déconcerter par cette apostrophe, s’assit fort tranquillement avec les autres, et mangea d’aussi bon appétit que s’il fût resté à jeun toute la journée.