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l’antre du lion. Lorsque ce dernier l’aperçut près de lui, il se jeta sur lui, le déchira en pièces et lui arracha le cœur et les oreilles pour les dévorer.

Le singe avait cessé de parler, le crocodile l’écoutait stupéfait : Crois-tu donc, ajouta le singe, qu’aussi stupide que l’âne dont tu viens d’entendre l’histoire, je fasse encore la folie de me confier à toi une seconde fois, après m’être heureusement échappé de tes pattes une première ?

Le crocodile, confus de s’être laissé attraper par le singe, retourna au lieu de son ancienne demeure, et n’osa plus reparaître auprès de lui.

Ces exemples nous apprennent, dit Vichnou-Sarma en finissant son récit, qu’on ne doit jamais se fier aux caractères naturellement méchans ; nous y voyons en même temps que c’est à l’heure du danger que le courage et la présence d’esprit doivent se montrer, et qu’avec ces qualités on échappe aux plus grands périls.

Lorsque Vichnou-Sarma eut terminé le récit de ce Tantra, les trois jeunes princes ses élèves, qui avaient coutume de lui prêter l’oreille avec la plus respectueuse attention, lui réitérèrent les témoignages de leur vive reconnaissance pour le service inestimable qu’il leur avait rendu en