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GALERIE.

rieure avait de naïveté, de solidité et de franchise[1].

Ces belles aiguières en étain ou composition, œuvres de François Briot[2], signées sous le bassin, par

  1. L’éclat des couleurs de cette vignette, en dépit du temps et du peu de soin apporté à sa conservation, nous ferait regretter l’abandon de ce procédé auquel la découverte de Van Eich fit substituer l’huile, mais qui, ce nous semble, pourrait être à son tour substitué avec avantage à notre aquarelle, dont les teintes s’altèrent si facilement. Il serait cependant par trop curieux, qu’après avoir célébré depuis plusieurs siècles l’immense découverte de la peinture à l’huile, on l’abandonnât pour revenir à l’encaustique et à l’eau d’œuf.
  2. Le nom de Franciscus Briot, placé comme exergue autour d’un portrait sous le bassin, est, pour nous du moins, la seule trace de l’existence de cet artiste assez recommandable cependant, à n’en juger même que par cet ouvrage du beau style d’Henri II. Plus tard, un autre Briot (Nicolas) devint justement célèbre, comme graveur de monnaies et comme inventeur, ou du moins metteur en œuvre, du balancier monétaire, dont La Croix du Maine, dans sa Bibliothèque, attribue l’invention à Abel Foulon.

    Toujours est-il que Nicolas Briot en proposa, dès 1615, l’application à la fabrication des monnaies de France, qu’on ne frappait qu’au marteau. Des rivalités déplorables et sans doute des considérations personnelles ou des calculs d’intérêt, comme il en surgit toujours dans nos déterminations administratives, firent repousser d’abord chez nous l’usage de cette belle découverte, que Briot, abreuvé de dégoûts, porta en Angleterre, où l’on fit moins de difficultés. Ce ne fut que 30 ans plus tard, qu’en cette matière comme en beaucoup d’autres semblables, nous fûmes réduits à aller emprunter nos procédés à l’Angleterre, qui conserva, avec une anticipation de jouissance, l’honneur, sinon le droit, de la découverte et surtout de son application.

    La pureté des empreintes des aiguières et bassins de François Briot prouve la perfection, dès le milieu du 16e siècle,