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SALON.

uns de ces tableaux[1] ne détruisent pas entièrement l’harmonie qu’on aurait pu rendre plus complète s’il se fût agi de continuer le cabinet et non de garnir une pièce pour l’habitation.

Les encadrements de glaces sont alternativement modernes ou anciens, en baguettes dorées ou en ébène sculpté, sauf le principal, composé d’émaux et repoussés ; et c’est une pendule moderne, mais d’un goût qui, selon nous, ne trahit pas son origine, qui sert de milieu à des vases florentins.

Les contrastes sont d’autant plus frappants dans cette pièce, qu’elle contient, avec des produits d’art modernes, plusieurs objets d’époques très-reculées. Ainsi les deux pommeaux de chaise curule romaine, têtes de lions sculptées en cristal de roche et évidées, et la bacchante couronnée, flanquée de figurines, ivoire capital servant de socle au groupe en même matière de Jean de Bologne[2] (la Vertu châtiant le Vice),

  1. Notamment le tableau de l’antiquaire, commencé par Xavier Leprince, et entièrement peint sur place, dans l’ancien cabinet du propriétaire de la collection, par M. Renoux, chef d’œuvre qui eut tant de succès au salon de 1827 ; la salle à manger de campagne du même, par les mêmes ; les intérieurs des églises d’Amiens, par Lesaint ; de Saint-Étienne-du-Mont, par Renoux, etc., etc.
  2. Cet habile sculpteur, que la France actuelle pourrait revendiquer, malgré l’espèce de naturalisation résultant de son surnom, naquit à Douai, en 1524, et mourut en 1612, ce qui lui permit de commencer l’exécution de la statue équestre d’Henri IV, renversée par l’ouragan révolutionnaire. Il prit des conseils de Michel-Ange, et s’attacha comme lui à la pensée, au mouvement et à l’expression anatomique des formes.