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CHAMBRE DE FRANÇOIS Ier.

et même aux extases de l’amour, était presque de rigueur sous les derniers Valois[1] ; aussi, tandis qu’Henri II, ce livret à la main, se lançait en idée dans une carrière tout autre que celle qu’il fournit si malheureusement contre Montgommery, et que Diane y voyait la réalisation de sa devise, ou du moins un autre avenir que l’exil d’Anet et l’abandon de ses amis, la reine passait, sous l’autorité de son astrologue en titre, des incantations de Chaumont aux opérations cabalistiques de son observatoire parisien, dont la colonne de l’hôtel de Soissons (aujourd’hui Halle-au-Blé), construite depuis son veuvage, peut nous donner l’idée.

Non omnibus loquor, ai-je dit, et cependant en voici beaucoup sur cette chambre, que nous ne quit-

  1. Cette superstition remontait plus haut en France, car Froissart, contemporain de Charles V, fait dire à ce roi, parlant de son jeune fils : « J’ai eu long-temps un astronomien qui disoit et affirmoit qu’en sa jeunesse il auroit moult affaire et échapperoit de grands perils et aventures. » Plus tard, Louis XI, dans ses continuelles perplexités, invoquait alternativement Notre-Dame d’Embrun et Galéotti Martivalle, astrologue célèbre, auteur du traité De vulgo Incognitis, qui lui traça plusieurs planétaires, et, pour plus de sûreté, ou dans les cas urgents, il recourait à d’autres encore, puisqu’on trouve dans un manuscrit des dépenses de la cour, année 1470, une somme « payée à un chevaucheur, pour avoir esté d’Amboise à Paris, porter lettres closes de la part le roy à maistre Jacques Loste, astrologies. »

    Ne trouvons-nous pas d’ailleurs, dans les mémoires du grave historien Comines, que Angelo Cattho prédit la défaite du duc de Bourgogne, et frère Hieronime la vie et la mort de Charles VIII ? (Voyez page 166, note G.)