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HÔTEL DE CLUNY.

avec le prince de Condé[1] ; qu’obligé de partir, peu de temps après, comme roi de Pologne, et insensible à tout ce que n’avait pas rapport à la passion[2], accrue par l’absence, il n’écrivait jamais que de son sang à cette princesse, et qu’à la mort de Charles IX il voulait la faire monter sur le trône en faisant casser son mariage avec le prince de Condé, redevenu huguenot. P. Mathieu, historien de ce roi, dit : « À la nouvelle de la mort de Marie en 1574, il entra dans le plus violent désespoir ; il passe plusieurs jours dans les pleurs et dans les gémissements ; et lorsqu’il fut obligé de se montrer en public, il y parut dans le plus grand deuil et tout couvert d’enseignes et petites têtes de mort ; il en avait sur les rubans de ses souliers, sur ses aiguillettes, et il commanda à Souvrai de lui faire faire des parements de cette sorte pour six mille écus. » À plus forte raison en devait-il avoir sur ses Heures. Celles-ci sont en effet couvertes de larmes unies aux fleurs de lis, de l’en-

  1. En août 1572. Ce mariage se fit en même temps que celui d’Henri de Navarre (Henri IV) avec Marguerite de Valois. Les fêtes données à la cour furent communes aux deux alliances.
  2. Les magnétiseurs de l’époque attribuèrent cette passion soudaine au fluide résultant de l’usage que fit par inadvertance lee duc d’Anjou, pendant le bal des noces même, pour étancher sa sueur, d’une chemise que la reine mère venait de faire quitter à la jeune princesse qui, à cet égard du moins, venait de se trouver en rapport avec le duc. Cette inoculation d’une espèce particulière aurait, au dire des ennemis de Catherine de Médicis, coûté la vie à la belle et malheureuse princesse de Condé.