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CHAPELLE HAUTE.

mulée par le désir de reproduire quelque oeuvre hors ligne, digne d’être offerte à l’abbé ou même au souverain.

De là ces travaux prodigieux sous tous les rapports, que nous admirons dans les collections publiques et particulières, dus à l’ardeur opiniâtre, à l’émulation et peut-être au concours d’artistes sans besoins, et auxquels le temps n’était pas compté[1].

Les manuscrits épars sur le lutrin de la chapelle

    faire présent de vases d’argent, marquèrent qu’il leur ferait plus de plaisir s’il voulait leur donner du parchemin. Jusque sous le règne du roi Jean on ne se servit pour les manuscrits que de parchemin, dont l’usage fut conservé plusieurs siècles pour les Heures, Titres, etc. L’invention du papier, due à un habitant de Padoue, ne remonte, dit-on, qu’au commencement du 14e siècle ; et encore, selon Saint-Foix, ce n’est que sous le règne de Philippe de Valois qu’on s’en servit en France. Cependant, M. Alexis Monteil, qui procède toujours preuve en main, a déterré des archives de la cour des comptes, dans la collection intitulée Minutes-Journal, une pièce qui semble établir que le papier-chiffon était connu au moins au 13e, et sans doute au 12e, et peut-être au 11e siècle. Cette pièce, datée du mardi 16 septembre 1441, porte : « Sur la requeste baillée par le doyen de l’église de Troyes…, le comte de Champaigne (le règne de ces comtes a cessé au 13e siècle) souloit prendre soixante livres tournois de rente sur les fours de Troyes et sur le moulin à papier, appelé le Molin du Roy, appartenant au dict doyen. »

  1. Les moines exerçaient tous les arts mécaniques : des cartulaires, remontant au 11e siècle, désignent même les métiers de Sutor, Pelliciarius, Faber, etc. Monteil, t. 2, p. 386.

    D’après les mémoires sur la célèbre abbaye de Clairvaux, d’où proviennent plusieurs objets de la collection, on appelait encore, dans les derniers temps, les écritoires, douze cellules comprises dans l’ancien bâtiment, et qui servaient sans doute d’ateliers pour les manuscrits.