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NOTICE

deurs cachées aux premiers regards, les secrets détours où Julien fuyait ce diadème que tant d’autres poursuivent ; éventera la piscine et s’y plonger en idée ; suivre de trace en trace celles de la conversion du palais des Césars en hôtel abbatial ; pénétrer de vive force, si besoin est, avec François Ier, jusque dans la chambre à coucher de la reine Blanche, et redemander aux échos de la chapelle le oui de Marie d’Angleterre, et les saints cantiques d’Angélique Arnauld et de ses sœurs.

Conclusion. Chaque peuple se blase sur ses propres richesses : ce qu’on admire à l’étranger, n’est chez soi d’aucun intérêt. C’est faute d’avoir eu le sentiment intime de leur importance comme art et comme souvenirs, que nous avons sacrifié depuis 40 ans autant de riches monuments de nos pères, dont nos enfants nous demanderont compte un jour.

Sans doute, et nous l’avons reconnu plus haut, nos longues et immenses destructions ne se sont pas consommées, sans que des voix généreuses se soient fait entendre ; mais la cupidité et l’ignorance n’entendent pas à demi-mot. Autrement, et malgré le désordre des temps, les profanateurs des sépulcres royaux et féodaux, ces nouveaux vampires étendant leur poursuite acharnée jusqu’aux simulacres des tombes, auraient eux-mêmes reculé devant le modérantisme en fait d’art de nos plus fougueuses assemblées politiques, et de leurs plus énergiques missionnaires[1]. La digue était trop faible pour le

  1. Ils s’attaquaient plus volontiers aux vivants qu’aux morts, et recherchaient surtout les pasquinades à effet pour un public plus abruti par l’exercice de sa souveraineté que ne le fut jamais peuple soumis au plus dur esclavage. Telle fut, par exemple, l’héroïque expédition contre la sainte ampoule, du représentant du peuple Rulh, de la Marne, en mission dans son département.

    Le bulletin de ce haut fait, lu en pleine Convention, porte :

    « Ayant assemblé les vieillards sur une place de Reims pour prêcher