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NOTES.

C’est ainsi que, jouissant à 30 ans d’une haute faveur près du pape Clément VII, admirateur de ses beaux ouvrages[1] et témoin du courage et de l’adresse qu’il montra lors du siège du château Saint-Ange, en 1527[2], il compromit cette belle position par sa conduite turbulente, par ses exigences indiscrètes et par l’aigreur d’un ressentiment non motivé ;

Que plus tard, poursuivi pour des assassinats, qu’il décrit comme de hauts faits[3], mais protégé, à raison de

    piédestal ; modèles pour la statue de Neptune ; crucifix en marbre blanc sur croix de marbre noir ; restauration d’antiques et modèles divers, Florence, 1545 à 1560,

  1. Vasari dit, en parlant de Benvenuto son contemporain : « Il fit pour la chape du pape Clément VII un bouton dans lequel il représenta une figure du Père éternel, d’un travail surprenant. Il y monta un diamant taillé en pointe, entouré de plusieurs petits anges en or, ciselés avec le plus grand talent, et qui lui valut la charge de messier. Ce pontife lui ayant commandé un calice d’or, dont la coupe devait être supportée par des figurines représentant les vertus théologales, cet artiste les termina presque entièrement avec un talent digne d’admiration. »
  2. Cellini tire autant de gloire de son adresse, comme arquebusier et comme artilleur, que de la confection de ses plus beaux ouvrages. À l’en croire, c’est lui qui tua d’un coup d’arquebuse le connétable de Bourbon, qui blessa le prince d’Orange d’un coup de canon, etc., etc.
  3. Ces vengeances, si communes encore en Italie, l’étaient bien plus à cette époque où la société était à peine organisée ; chacun se croyait pour ainsi dire le droit de se faire justice. C’est ce qui explique l’impudeur du récit suivant, dans lequel Cellini se complaît à reproduire les détails révoltants d’un de ses assassinats.

    Il s’agissait pour lui de venger son frère, tué dans une rixe, par un archer du guet, en expiation de la mort d’un autre archer tué par ce même frère. « Je suivais partout, dit-il, l’archer qui avait tué mon frère, comme un amant suit sa maîtresse ; un jour, il était sur sa porte l’épée à la main, et venait de souper ; je m’approchai adroitement de lui avec un poignard long comme un couteau de chasse ; je lui assenai un coup d’arrière-main tel, que je pensai lui trancher la tête. Il se retourna promptement ; le coup l’atteignit sur la pointe de l’épaule gauche et brisa l’os. Il se mit à courir, je l’atteignis en quatre pas ; je levai le poignard au-dessus de sa