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NOTES.

partant de l’avenir ; soif inextinguible de célébrité ; présomption de soi-même portée au dernier point ; abnégation complète, en certains cas, d’intérêts personnels ou prétentions, et avidité sans bornes ; amours cyniques ; amitiés ardentes mais peu durables ; haines vigoureuses ; mélange de religion, de superstitions et d’incrédulité, de condescendance et d’audace avec les grands ; inconstance dans les projets ; enthousiasme suivi de dégoût pour l’œuvre imposée ; courage et libéralité aveugles ; prompt abattement et plaintes bruyantes dans le malheur, et satiété plus prompte encore du bien-être, toujours sacrifié à des chances suivies de regrets : telle serait, d’après cette étude de l’homme sur lui-même, l’autopsie morale de ce grand artiste, et le résumé synoptique des conditions presque toujours inséparables du don si rare d’un grand talent naturel.

Issu d’une famille dont il célèbre l’illustration tout en paraissant la dédaigner, mais fils d’un facteur d’orgues, bon dessinateur, Benvenuto, né en 1500, s’occupa des arts par instinct, pour ainsi dire dès le berceau. Résistant aux désirs de son père, il quittait la musique pour dessiner et modeler en terre. À 13 ans, il travaillait comme apprenti chez le père du célèbre Baccio Bandinelli, qui, 33 ans plus tard, faillit payer d’un coup de dague sa rivalité de gloire avec Benvenuto. À 16 ans, lors de son exil pour participation à un duel, il était artiste, grace à ses études dans l’école alors florissante de Michel Ange ; et c’est à 18 qu’il exécuta le fermoir de ceinture[1], qui, dit-il, le fit proclamer par les autres orfèvres florentins « le premier du métier. »

  1. Sur ce fermoir de ceinture d’homme, bas-relief d’argent de la grandeur de la main d’un enfant, « étaient ciselés une masse de feuillage à l’antique, avec beaucoup de figures d’enfants et de fort jolis masques. »