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NOTES.

VITRAUX.


(Q), page 52.

Les anciens ne se servaient pour la clôture des jours que de plaques d’albâtre, de lames de talc ou de mica : ils ne connaissaient donc pas la peinture sur vitres, dont l’usage en France, indiqué comme remontant au iie siècle[1], n’est cependant constaté que vers le milieu du 12e, époque où l’abbé Suger fit peindre les vitraux de Saint-Denis avec de la poudre de saphirs et autres pierres précieuses[2]. Les vitraux du 13e siè-

  1. Il paraîtrait en effet que la France était, dès le xie siècle, célèbre entre les autres nations par ses peintures sur verre, car Théophile (presbyter on monachus), dont on fait remonter l’existence au moins à cette époque, la cite très-avantageusement sous ce rapport dans son Tractatus lombardicus de omni scientia pictural artis. En enseignant à son fils, pour qu’il le transmit à d’autres, tout ce qu’il avait appris dans ses voyages sur l’art qu’avaient les Grecs de choisir et de mélanger les couleurs (voir les reliquaires byzantins de la chapelle), sur le talent des Italiens dans la fabrication de l’argenterie, le travail de l’ivoire, l’emploi des pierres fines, et les Toscans particulièrement pour le vermeil et la fonte des Nielli, sur la damasquinerie des Arabes, et sur les travaux d’or, de cuivre, de fer et de bois, de l’Allemagne, il parle des brillants et précieux vitraux que l’on construit en France. En effet, d’après les profondes et curieuses recherches de M. Émeric David, l’usage de la peinture sur verre par apprêt remonterait en France au règne de Charles-le-Chauve. (Voir Magasin encyclopédique, mai 1812, et les divers articles biographiques de ce savant ; et pour l’art de nieller, l’ouvrage de M. Duchesne.)
  2. M. Lenoir observe avec raison que les peintres verriers de l’époque auront très-sagement fait, à tous égards, de conserver intacts les saphirs, etc., que le bon abbé leur procura en abondance, et dont l’éclat est tout personnel, pour y substituer le cobalt, les oxides de fer, de cuivre, d’argent et d’or, et la manganèse, d’un moins riche aspect sans doute, mais d’une vertu plus communicative.

    Cette disposition à supposer aux objets précieux d’autres propriétés