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NOTES.

pour ce qu’elle leur paraîtra, aux savants antiquaires qui peut-être se sont déjà occupés de cette découverte[1].

N’est-il pas présumable que lors de l’établissement du christianisme dans les Gaules, comme religion dominante, vers la fin du ive siècle, il existait à Sens, ville romaine s’il en fut dans nos pays, un temple païen qui aura été détruit[2], et dont les matériaux auront servi de base à de nouvelles murailles construites dans ces derniers temps, et qui n’ont pu, d’après surtout notre remarque, enceindre l’Agendicum du temps de César[3] ? En plaçant les pierres sculptées, provenant sans doute des frontons, frises ou chapiteaux, de manière à ce que la partie unie fût seule en dehors, sauf pour les inscriptions qui ne formaient pas saillie, on a assuré la conservation des

  1. M. Tarbé, libraire à Sens, à qui nous fimes part de notre remarque, nous prouva par ses notes que nous n’avions pas droit à un brevet d’invention, sans rien nous dire cependant qui puisse détruire notre supposition.

    M. Tarbé est fort instruit et fort zélé pour les intérêts de sa ville ; personne ne pourrait mieux que lui donner suite aux recherches qu’on pourrait faire à ce sujet.

  2. Probablement sous Théodose-le-Grand qui, d’après les historiens, fit abattre beaucoup de monuments consacrés à l’idolâtrie.
  3. Loin de nous la pensée de fournir, par cette observation, de nouveaux aliments à la guerre toute patriotique, soutenue entre Sens et Provins, pour ce grand champ de bataille, ou plutôt pour ce pivot des opérations stratégiques du conquérant des Gaules. Nous voulons seulement établir que ces remparts étant fondés sur des sculptures qui ne peuvent remonter au-delà du siècle d’Auguste, on ne devra plus, comme on l’a fait, se prévaloir de leur origine romaine pour en circonvenir le camp d’où Labienus sortit pour combattre Vercingétorix. À cela près, nous n’empêchons pas que ce grand débat, qui dure depuis près de 250 ans, puisque André Duchesne en parle, suive son cours, à la poursuite et diligence de qui il appartiendra, si l’intrépide champion nonagénaire de Provins, M. Opeix, venait à quitter la lice.