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NOTES.

que, pour cette époque, nous laissons en dehors comme architecture, sont, pour la statuaire proprement dite, Paul Ponce, qui tient aux deux époques, Ponce Jacquio, que l’on confond souvent avec ce dernier, Pierre Bontemps, Jean Goujon, Barthélémy Prieur, Germain Pilon[1],

    curent-ils. Ajoutons à ceux déjà cités, et toujours dans le but de signaler quelques noms pour nos légendes artistiques, les belles figures de saint Remy et des douze pairs, séparées aujourd’hui du beau tombeau élevé dans l’église de ce nom par deux artistes rémois, les frères Jacques, élèves de Michel-Ange ; les treize figures du sépulcre de Saint-Mihiel, taillées dans un seul bloc de pierre blanche et dure, par Richier, élève du même maître ; et surtout la belle composition connue sous le nom des Saints de Solesmes, que nous admirâmes il y a peu de temps encore dans la petite chapelle de ce pays, près de Sablé, tout en redoutant le sort qui la menaçait alors, l’établissement dont cette chapelle dépend étant en vente. Nous fûmes heureux d’apprendre que cette destruction se trouvait au moins ajournée par une spéculation toute religieuse et dégagée d’intérêts mondains. De jeunes ecclésiastiques fuyant le monde pour se livrer à des études sérieuses, se sont installés à Solesmes et s’efforcent d’y succéder à tous égards aux savants bénédictins. C’est un début d’heureux présage que la conservation assurée pour quelque temps, par cette résidence, d’un des plus beaux et certainement du plus grand monument de sculptures religieuses qui existe en France, d’une œuvre de quarante figures, grandeur naturelle, sculptées, ou, comme on le prétend, modelées seulement, par les deux Germain Pilon, qu’animait sans doute, dans cette énorme tâche, le désir de faire participer leur patrie, le Maine, à leur illustration.

  1. Germain Pilon est certainement un des plus habiles et des plus féconds artistes de ce temps. Mort en 1606, à l’âge de 90 ans, dit-on, il a pu, en continuant son père, également sculpteur et portant le même prénom, contribuer pour sa bonne part aux innombrables monuments classés sous ce nom, tels que le mausolée du chancelier de Birague et de sa femme, celui élevé en 1557 dans la cathédrale du Mans, à Guillaume Langei du Belley, celui d’Henri II qu’on voit à Saint-Denis et dont les-bas reliefs, surtout les œuvres de charité, appartiennent nécessairement au sculpteur des Graces. Outre le beau groupe qui lui valut ce surnom et que possédait le musée sépulcral des Célestins, il exécuta d’énormes travaux pour la même église, un grand autel couvert de sculptures, une belle Annonciation, un charmant pupitre, etc. Il fit aussi pour celle des Grands-Augustins à