Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
NOTES.

de l’hommage rendu par nos rois à la juste célébrité de cette ville, dès les premiers temps de sa réunion à la France[1].

    plus riche ornement d’un musée municipal, que le goût et les soins désintéressés de M. de Saint-Mesmin rendront de plus en plus digne de cette ancienne capitale.

    Le tombeau de Philippe-le-Hardi, mort en 1404, fut exécuté immédiatement par son valet de chambre tailleur d’imaiges, Claux Sluter (le même qui sculpta les six figures du puits de Moïse), par Claux de Vousonne, son neveu, et par Jacques de la Barse. On pourrait croire que ce fut aux frais des exécutants, puisque ce prince, « qui avait élevé la Bourgogne au plus haut degré de puissance qu’elle eût en depuis ses anciens rois, » mourut insolvable. La duchesse de Bourgogne se trouva réduite à consacrer sa renonciation à la communauté en remettant sur le cercueil de son époux sa bourse, sa ceinture et son trousseau de clefs.

    Quant au mausolée de Jean-sans-Peur, tué, ou plutôt assassiné, contre les vrais intérêts de la France, au pont de Montereau, en 1419, il ne fut exécuté que vers 1475 par Jean de la Huerta, dit d’Aroca, sculpteur ramonais, l’auteur du beau rétable en bois, du musée, provenant aussi de la Chartreuse, par Jean de Droguès, et par Antoine Lemouturier, qualifié de meilleur ouvrier d’imaigeries de France. Les imaigiers, folaigiers, autrement dit sculpteurs ou peintres, étaient, comme les maçons, et encore à cette époque, réunis en associations. Ils s’appelaient maîtres des menues œuvres.

    Aurait-on attendu, pour consacrer la mémoire de Jean-sans-Peur, que le temps eût fait oublier que sa fin tragique, dans la criminelle embûche qui lui fut tendue, ne fut que le talion du guet-apens de la rue Barbette, le châtiment du massacre des Liégeois et des Armagnacs, et l’expiation de sa complicité avec la misérable Isabeau, dans le crime, impardonnable à un fils de France, d’avoir livré ce beau royaume aux geôliers de son grand père (le roi Jean) ?

    L’épée de ce guerrier, qui conquit le nom de Sans-Peur par son intrépidité à la bataille de Nicopolis, et dans sa captivité chez les Turcs, est restée suspendue dans le chœur de l’église de Montereau, où nous la vîmes récemment encore. Triste trophée que celui qui rappelle un assassinat, même justifié !

  1. Il existe encore au Palais-de-Justice de Dijon des armoiries et devises de Louis XII et de François Ier, qui témoignent du concours de ces princes à l’embellissement de cette ville ; aussi le fier Bourguignon peut-il,