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NOTES.

À Vincennes, les travaux complémentaires de la Sainte-Chapelle du château, repris d’abord par Charles VI, puis par François Ier, de 1517 à 1531, et éclairés par les beaux vitraux de Jean Cousin encore intacts.

À Dijon, ancienne capitale de ce duché de Bourgogne, et résidence de ces ducs qui, rivaux et même parfois rivaux heureux de leur suzerain, occupèrent presque en maîtres un royaume dont leur province n’est aujourd’hui qu’une dépendance secondaire, divers monuments très curieux sous le rapport de l’art, comme par les douloureux souvenirs historiques qu’ils rappellent, tels que l’hôtel des ambassadeurs d’Angleterre[1] et les mausolées des ducs de Bourgogne[2], et plusieurs beaux vestiges

  1. Cet élégant hôtel, construit dans le commencement du xve siècle, et qui rappelle plusieurs édifices postérieurs de Bourges, de Meillan, etc., serait en outre célèbre, d’après la tradition controversée par quelques archéologues modernes, comme monument de l’occupation de notre pays par nos rivaux d’outre-mer, et comme témoignage de l’influence qu’exerça sur le succès de leurs armes le coupable abandon, de la part des premiers seigneurs français, des intérêts de leur souverain et de leur patrie. C’est, dit-on, dans cet hôtel, que Philippe-le-Bon, en unissant sa sœur au vaillant duc de Bedford, prince d’Angleterre et régent de la France, cimenta cette funeste alliance, déjà consacrée par le traité de Troyes (1420), et qui faillit nous ranger à jamais sous la domination anglaise. Plus tard, et jusqu’en 1477, il fut affecté, par la cour de Bourgogne, à la résidence des ambassadeurs anglais, qui pouvaient ainsi, du centre de la France, étudier les moyens de renouer leurs projets, déjoués par la politique de Louis XI.
  2. Ces tombeaux sont ceux de Philippe-le-Hardi et de Jean-sans-Peur ; ils étaient placés dans l’église de la Chartreuse, où se trouvait aussi une croix de pierre très-curieuse, formant le centre d’un puits, de vingt-deux pieds de diamètre. La base seule a été ménagée par nos vandales, et a conservé le nom de Puits de Moïse, du nom d’une des figures, bien que l’excavation circulaire, qui seule constituait le puits, ait été comblée. Victimes de la rage exterminatrice de nos souverains de 1793, ces deux riches mausolées furent recueillis éclats par éclats, comme saintes reliques, par un architecte instruit, M. Saint-Père, et ils forment aujourd’hui le