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NOTES.

soient devenus déjà des hors-d’œuvre, sans rapport avec ce qui les entoure, en attendant leur transformation en

    tes, c’est contrariété pure, manie de professer en sophistiquant, pour appeler l’attention, ou besoin de cacher son ignorance dans les replis d’un système !

    Sans reculer devant les férules des professeurs, disons humblement mais franchement : Ce qui nous plaît dans Gaillon, et plus encore dans d’autres monuments complets de même époque, dont aucun ne ressemble à un autre, c’est l’absence, apparente du moins, de toutes combinaisons, et, pour ainsi dire, de tous plans préalables, l’abandon et le moelleux, comme dessin, et le décousu, si l’on veut, des ornements de tous les styles, mais toujours gracieux et bien placés. Il semble que, par continuation des méthodes de ses devanciers dans les travaux dits gothiques, où tout parait le produit d’une inspiration soudaine et soutenue, le maître maçon anonyme de 1500, quoique exploitant d’autres idées, procédait également à ses risques et périls, dans sa libre et franche allure. Nourri des études de l’art, mais repoussant le joug qu’elles imposent, c’est dans un goût parfait, et dans la conscience d’un succès toujours assuré, qu’il cherchait et trouvait au premier coup ses heureuses inspirations.

    Ce qui nous plaît peut-être moins dans Anet et autres riches monuments français de mêmes époques, presque tous disparus et à jamais très-regrettables, c’est que, malgré leurs savantes dispositions et leurs pompeux revêtements, on y cherche presque toujours vainement une conception neuve qui ait son caractère propre. La pureté, et partant la sécheresse des profils, la rigoureuse observation des ordres, le balancement symétrique des ouvertures et des parties ornées, communs à tous ces pastiches, accusent un travail continu d’équerre et de compas, où le génie, esclave des règles, a dû nécessairement perdre sa fougue.

    Que si l’on nous opposait, comme témoignage de la supériorité de ce genre, l’entier abandon du premier style et la continuelle exploitation depuis trois siècles, en France, du style grec auquel nous sommes chaque jour redevables de nouvelles et superbes colonnades, de temples périptères, prostyles, et même tétrastyles, etc., nous répondrions par cette réflexion : Le génie prête peu à l’imitation et n’imite jamais.

    Tout en faisant bonne contenance, avouons qu’il nous restera de toutes ces discussions la crainte d’encourir un reproche, celui trop communément mérité, de sacrifier le présent au passé ; reproche dont le savant Dulaure a bien su se garantir, lui, par ses ouvrages, et que notre conscience ne nous fera jamais, quelque justice que nous nous plaisions a rendre à