Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
VIEUX MOBILIERS.

des dorures à fracas, mères du rococo, un grand nombre sans doute n’a pu résister aux vicissitudes résultant des déplacements, ajustements pour place, caprices de goût, et incidents divers d’une succession de temps de plusieurs siècles.

Puis sont venues les mutilations totales ou partielles, résultant de la suppression des emblèmes, devises, etc., contraires au principe du règne de l’égalité, de la crainte de se compromettre, de l’incendie et de la spoliation des châteaux[1].

Puis, les incalculables exportations faites, depuis 1814 surtout, par nos voisins d’outre mer, ardents à se créer un moyen âge avec nos antiquités nationales.

Ce n’est, il faut le dire, que depuis ce dernier épuisement, favorisé par notre cupidité, que sans doute, à raison de leur rareté, ces antiquailles ont acquis chez nous quelque intérêt aux yeux même de leurs anciens possesseurs.

Nous en connaissons qui, après avoir livré à vil prix tout ce que contenaient les garde-meubles et greniers de leurs vieux châteaux, mieux avisés, quoiqu’un peu tard, se sont mis en frais de recherche et d’acquisition, coûte que coûte, des mêmes objets rendus à leur éclat primitif, lesquels, par les principes consacrés en matière de restauration, revenus à leurs hautes destinées, occupent noblement leurs anciens postes, jusqu’à nouvel encombre.

Les commis voyageurs du bric-à-brac exploitent

  1. Attiré, il y a une vingtaine d’années, à Fontainebleau, par l’avis qu’un menuisier possédait beaucoup de boiseries, lambris, etc., sculptures provenant du château, nous arrivâmes juste à temps pour voir l’emploi qu’il venait d’en faire en armoires, tiroirs de commodes, etc., au moyen du soin qu’il avait pris de varloper toutes les saillies, où nous pûmes remarquer encore des profils du plus beau style.