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VIEUX MOBILIERS.

cette fièvre encore épidémique, avec l’expérience d’un docteur ou plutôt d’un malade soumis à son influence, et puisant dans ses propres souvenirs l’analyse des symptômes et même des accès propres à ces maniaques, quorum pars magna fuit[1].

  1. On pourra remarquer ici comme ailleurs, que nous traitons un peu légèrement des questions prises au sérieux par les premiers artistes et par les brillants écrivains de notre école moderne, qui nous reprocheront, peut-être, de plaisanter plutôt que de tonner sur tout ce qui se rapporte à l’ère du vandalisme, et de ne pas voir aussi clairement qu’eux l’aurore qui se lève sur les débris échappés à ses ravages, après les longues et épaisses ténèbres qui les ont favorisés.

    Notre réponse sera simple et franche.

    Nous ne publions pas un ouvrage, mais un catalogue, qui peut nécessiter des explications et développements, et non des dissertations philosophiques, religieuses ou morales, sur l’influence corrélative des arts anciens sur nos institutions modernes, et de l’étude du passé sur l’organisation de notre avenir.

    Nous avons puisé, d’ailleurs, dans une lutte de 35 années contre le vandalisme, des leçons qui nous tiennent en garde contre les fascinations de l’espérance.

    À quoi bon combattre à armes esmoulues quand on désespère du succès ? Témoin de l’écroulement et de la destruction souvent gratuite de nos plus beaux monuments, an bruit des anathèmes de la presse, et de la translation en terre protestante de nos édifices catholiques et royaux de Jumièges, de Saint-Bertin, etc., etc., sous les règnes de rois très-chrétiens, et sons des directions administratives qu’on considérait comme trop religieuses, que pouvons-nous espérer d’une nouvelle résistance jusqu’ici toute littéraire ? et quelle force l’itérative explosion de notre indignation ajouterait-elle à la digue qu’ont cru élever ceux qui proclament, en dépit de ce qu’ils pourraient voir, que les temps de la destruction sont passés, et que ceux de la conservation et de la réédification commencent ?

    Une nouvelle génération s’élève qui, désavouant nos sauvages mutilations, établit en principe, pour la première fois, que les souvenirs parlants et les traditions des ancêtres entrent pour quelque chose dans la destinée des nations. Honneur à cette inspiration noble et vraie ! « Los aux jeunes champions de la vieille France ! Dieu aide à ces beaulx fils et leur