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SOUVENIRS
D’UN DEMI-SIÈCLE
1870 — TOME SECOND — 1882

PREMIÈRE PARTIE

LA CHUTE DU SECOND EMPIRE



LA chute du ministère Ollivier fut la préface de la chute de l’Empire ; on eût dit que le ministre partait en avant comme fourrier du souverain. Les vingt-cinq journées qui s’écoulèrent entre le 9 août et le 4 septembre furent insupportables, je les retrouve dans mon souvenir stériles, agitées, mal respirées, si je puis dire ; en un mot, odieuses. Les incidents qui séparent ces deux dates et pour jamais les relient dans l’histoire me sont connus ; j’étais mis au courant de ce qui se passait et j’ai pu voir se dérouler, presque heure par heure, les événements qui ont jalonné le chemin de la catastrophe. Pour donner sécurité à mon récit, j’invoque quatre autorités qui ne sont point sans valeur.

J’étais resté en relations fréquentes avec Maurice Richard, qui, tout en n’étant plus ministre, n’en occupait pas moins son siège au Corps législatif, où il recueillait les nouvelles qu’il me communiquait.

Le général A. de Susleau de Malroy était chef d’état-major du général Soumain, qui commandait la place de Paris ; non seulement liés par une proche parenté, mais par une vieille affection, nous causions ensemble à cœur ouvert et j’ai reçu de lui bien des renseignements précis. Arthur Kratz, conseiller à la Cour des Comptes, dont j’ai parlé à propos du marquis de Chasseloup-Laubat, était, après le changement de ministère, devenu le secrétaire intime, et pour ainsi dire le factotum